En 2014, la plupart des candidats, notamment les challengers, briguaient à tout prix les investitures des grands partis dits de gouvernement, un peu comme des chevaliers en quête du Graal. Mais 2017 est passé par là, avec son lot de surprises, et la configuration des élections municipales des 15 et 22 mars prochains est toute autre.

 

Soutenu(e)par, à la limite, mais investi(e), sûrement pas !

Le constat est simple, il suffit de compter le nombre d’affiches comportant des logos de partis traditionnels comme le PS ou Les Républicains. Si le procédé des investitures a été enclenché par les candidats il y a quelque mois, c’est avec un objectif clair : verrouiller un espace auprès du parti de rattachement, sans intention d’en faire état.

Aujourd’hui en effet, se revendiquer porteur d’une investiture de parti peut se révéler calamiteux.

 

Et tant mieux, il est grand temps que la qualité des personnes et leur volonté politique, le contenu de leur programme et la profondeur de leur ancrage, soient des atouts autrement plus sérieux que cette ancienne quête du marketing politique national.

 

Logos sur les affiches et les programmes : en marche vers la sortie

Se revendiquer du parti de la majorité est aujourd’hui une stratégie perdante, tant le niveau de popularité du Gouvernement et du Président de la république sont faibles, et encore plus depuis le passage en force du 49.3 sur la réforme des retraites en pleine crise du #Coronavirus. D’ailleurs, la plupart des députés de la majorité demandent à leurs troupes d’infiltrer certaines listes divers droite ou divers gauche pour maximiser leurs chances d’avoir des élus dans les conseils municipaux. Car de manière générale, on se dirige tout droit vers une déroute sans précédent aux élections municipales pour un parti qui contrôle l’ensemble de l’exécutif français. L’absence de soupape d’une élection législative intermédiaire que permettait la différence entre un septennat et la durée de la législature (5 ans) va engendrer des conséquences en Province. Pas de cohabitation donc, pas de régulation de l’action de l’exécutif à mi-parcours. Entre temps, les Gilets jaunes et les différents couacs de communication ou autres scandales de mœurs auront fini d’achever les espoirs d’un mouvement qui risque fort de faire « Pschitt », comme le disait en son temps le président Chirac avec un aplomb irremplaçable. Ce même Jacques Chirac avait eu l’audace de dissoudre l’Assemblée. Emmanuel Macron aurait dû le faire : mais jamais il ne le fera. Passons.

Du côté des Républicains cela dit, ce n’est guère mieux. Le parti est en piteux état et sans chef d’envergure. Et que dire du PS, désossé par En Marche.

C’est pourquoi la communication politique lors de ces élections municipales communiquera sur les noms des candidats et non pas sur leur parti d’appartenance. Même si la presse politique, elle, ancrée dans un récent passé, continuera encore un temps d’affubler, souvent à tort, les concurrents, d’étiquettes bien commodes quand il s’agit de broder autour de la candidature d’untel ou d’untel

Le retour de la vraie politique ?

Les élections législatives de 2017 ont marqué un sommet dans la disruption politique que la France a connu avec l’accession d’Emmanuel Macron au pouvoir. Tout le monde se souvient des caricatures de certains candidats En Marche, qui reconnaissent pour les plus lucides d’entre eux, que n’importe qui ou presque aurait alors fait l’affaire en plaçant sa trogne sur une affiche aux côtés du Président nouvellement élu pour l’emporter. Seulement voilà, le temps fait toujours son œuvre. Il suffit alors de voir ce qu’est devenu le député marcheur Joachim Son Forget pour ne prendre qu’un exemple parmi tant d’autres. En votant pour lui, les Français de Suisse ne pensaient tout de même pas retrouver leur vote autant malmené et sombrer dans un amateurisme de téléralité consternant. Il en serait forcément tout autrement aujourd’hui.

L’opportuno-centrisme n’a pas sa place lors des élections municipales. Et c’est tant mieux. Finalement c’est sans doute par le terrain, par l’ancrage, par le fait d’appréhender les problèmes de proximité, que la politique qui fait l’ADN de la France va pouvoir reprendre ses droits et regagner ses lettres de noblesse.

 

Réponses à ces hypothèses les 15 et 22 mars prochains. D’ici là bonne campagne à toutes et à tous !

 

 

David WIGNO

Directeur des agences Dimension Monaco-Paris

Fondateur de la plateforme qgdecampagne.fr