Arnaud Murgia

« Dans trois circonstances, l’instinct de la France lui a fait rejeter la voie dangereuse qu’on lui proposait, marquée par des désordres et la singulière tentative d’appropriation du pouvoir qui les a suivis.

Mais dès que les plus grands périls s’éloignent ou aussitôt qu’apparaissent les difficultés du moment, liées soit à la situation économique, soit aux remous qui accompagnement les changements nécessaires, la France à nouveau s’interroge : n’existe-t-il pas une alternative qui serait plus tentante, plus facile et même plus généreuse ? »

Mots d’Emmanuel Macron à la suite de la crise des gilets jaunes ? Conclusion du Grand Débat ?

Non, ces quelques phrases ont en fait été rédigées dès 1976 par Valery Giscard d’Estaing dans son ouvrage publié en plein mandat, « Démocratie Française ». En plein mandat ou très exactement après deux années de mandat, c’est à dire au même moment de son septennat, qu’Emmanuel Macron de son quinquennat aujourd’hui.

Cet ouvrage, qui avait préfiguré la création de l’UDF, partait probablement de constats partagés, la situation de mai 68 ayant probablement encore plus marqué l’opinion que la crise de 2018 que nous venons de connaître. Il avançait aussi un postulat simple, celui d’une démocratie centrale, d’un « bloc progressiste ».

Et c’est bien, aujourd’hui, toute la stratégie du pouvoir en place. Créer une bipolarisation qui place le chef de l’Etat dans une sorte de bulle contre l’ennemi de la droite nationaliste. Après l’ultra-atomisation de la vie politique en 2017, voici donc le temps de « l’ultra-clivage ».

Pourtant, il est intéressant de noter sur la base des derniers sondages :

  • que le total des listes de gauche et d’extrême gauche (hors En Marche, naturellement) représente en moyenne 27% dans le pays. Alors que tout un chacun pense que la gauche n’existe plus. C’est fondamentalement vrai, sauf que ses électeurs, eux, existent bien encore.
  • Que le total des listes LR, UDI, CNIP et Debout la France (et tant est qu’on puisse les rapprocher), représente lui aussi un peu plus de 20%.

La réalité électorale de ce scrutin tel que présenté par les sondages n’est donc pas tant celui d’une bipolarisation absolue mais bien d’un total éclatement des partis traditionnels, double d’un phénomène d’aspiration :

  • par le RN des électeurs voulant « battre Macron »
  • Par En Marche des électeurs voulant « faire barrage au RN »

Elus, candidats, cadres, de l’ « ancien comme du nouveau monde » : ne perdez pas espoir, vos électeurs existent encore. Faut-il encore leur proposer un projet politique cohérent.

Début de réponse dimanche !